Un an s'est écoulé depuis ma première (et à ce jour unique) sortie sur piste. A l'époque, je n'avais pas encore la SDR, et j'avais roulé avec l'ER6.
Depuis ma chute en novembre dernier, j'avais besoin de regagner un peu de confiance, et cette première journée de roulage de 2012 était l'occasion rêvée pour le faire.
J'avais initialement prévu de faire l'échange Pilot Road 3 / Power One pour l'occasion, mais la météo, pourrie depuis plus d'un mois m'en a dissuadé, et je suis finalement parti chaussé de PR3.
Je retrouvai Vivien chez lui un peu avant six heures, de manière à être au rendez-vous avec Joe sur le parking de Carrefour à 6h. On arrive avant lui, mais deux gars en Gex s'étaient également donné rendez-vous ici à la même heure. Joe arrive, et on part juste après les Gex, que nous nous ferons un plaisir de pourrir avant même d'arriver sur le circuit
.
On passe à côté de champs fraichement labourés et on se dit que les taupes doivent s'en donner à cœur joie. On se fixe pour objectif de ne pas trop les emmerder aujourd'hui.
Arrivés sur le paddock à 7h20, on trouve la place qu'on voulait. On décharge les brêles, on fait le tour des gens qu'on connait : serrage de pinces et autres bonjours… On nous attribue nos groupes : rouge pour Joe (le groupe de ceux qui n'ont jamais fait de piste), et vert pour Vivien et moi (celui des débutants parmi ceux qui ont déjà pisté). On interprète ce groupe vert comme étant celui des intermédiaires, et on s'étonne entre nous d'en faire partie (3 roulages – dont deux écourtés – pour l'un, 1 roulage pour l'autre, ça pèse pas lourd). Mais bon, les organisateurs ont décidé de laisser les « vrais » débutants entre eux, on fera avec.
Au programme de la journée, sept sessions de 20 minutes. 3 le matin, 4 l'après-midi.
Le groupe des confirmés s'élance en premier après le traditionnel briefing, puis vient celui des rouges. On se pose sur la butte pour observer les autres rouler, et on constate que les bacs à sables sont en fait des bacs à eau. « Le premier qui sort va s'embourber. »
C'est enfin notre tour. On s'élance. Vivien est juste devant moi. Le tour de chauffe se passe sans encombre. On repasse par la première ligne droite, et, étourdi que je suis, j'oublie que toute ligne droite se finit par un virage, et vire un peu large. Il s'avère qu'« un peu » est en fait un doux euphémisme. Manifestement, je suis trop rapide. Je redresse, histoire de ne pas entre dans l'herbe plein angle. Je rentre dans l'herbe, à peine ralenti par le lâcher de gaz. Ca devient du moto cross. Je parviens à ne pas toucher au frein, malgré mon envie irrépressible de ralentir ma course, et à garder tant bien que mal l'équilibre. Mais la chute sera inévitable, et je m'étalerai dans la boue à faible vitesse
. Le fameux objectif qu'on s'était fixé dans la voiture ne sera pas atteint en ce qui me concerne.
La moto est embourbée, et je ne parviens pas à la redresser seul. C'est le drapeau rouge. Je suis ramené dans le camion qui me dépose à l'aire de lavage pour qui je puisse nettoyer un tant soit peu la belle. Je fais un tour des dégâts (ou devrais-je dire DU dégât) : outre un lavage intensif à prévoir, seule l'écope droite est endommagée (oui, oui, celle-là même qui naguère
le couvai[en]t d'un œil décidé avait subi les affres – mot compte triple – de la chute). J'effectue un rinçage, et ne peut regagner la piste, par manque de temps.
Je suis le premier aujourd'hui, mais nombreux sont ceux qui me suivront.
Pour ma deuxième session, je n'arrive à rien, je n'avance pas. Je me fais passer de tous les côtés. Sans exagération aucune de ma part, je ne fais pas un virage sans me faire déborder, et bien souvent de façon
mickey plutôt cavalière. Ces types me mettent mal à l'aise, tellement je sens une différence de vitesse importante entre eux et moi. Je finis par rentrer.
Je vais tout droit auprès des organisateurs, et demande à être rétrogradé dans le groupe des « vrais » débutants. Pas de problème. « Il vaut mieux rester humble, quitte à rester chez les débutants où on apprend beaucoup plus… » Bla, bla bla ; je n'ai pas besoin qu'on justifie ma demande à ma place
.
Je ferai donc la dernière session du matin dans le groupe rouge. Je me ferai également déborder, également de façon tendancieuse parfois, mais au moins je ne vois pas des avions de chasse me passer à chaque point de corde, et je me sens moins mal à l'aise. Je me fais plus plaisir, mais la faim se fait sentir, et je ne tiens pas physiquement. Pourtant, je me suis nourri et j'ai bu, choses que je n'avais pas faites l'an passé. Je quitte la piste avant la fin de la session. Quand je pense que l'an passé, j'étais parvenu à faire une session d'une demi-heure en intégralité, et que je n'arrive pas à boucler 20 minutes consécutives aujourd'hui…
Le repas est partagé sous les attaques du vent, et on entend parfois un convive s'écrier qu'il a senti une goutte. Ne parlez pas de malheur
!
Les sessions de l'après-midi reprennent. Je suis toujours à un mètre des cordes. J'ai réussi à tenir un peu plus longtemps, mais les cuisses crient quand même qu'elles souffrent, et je ne vais pas au bout. En rentrant, l'organisateur qui conseille les participants me dit que je suis à ses yeux, celui qui a le plus progressé de tous entre l'année dernière et cette année. Le seul point presque positif de la journée. Quand je vois où j'en suis, je me dis que je devais être bien bas à l'époque.
A quinze heure, quelques gouttes font leur apparition. On attend de voir ce qui va se passer. Si la pluie continue sur le même rythme, on pourra reprendre la piste. Malheureusement, elle s'intensifie, et au bout d'une demie heure, la piste est détrempée, et le vent continue à souffler. Pas vraiment de bonnes conditions pour rouler. Le temps est bien celui qui avait été annoncé. Tout le monde plie bagage. On repart donc sous la flotte, sans rouler les trois dernières sessions.
J'aurais aimé pouvoir comparer mes sensations entre ER6 et SDR sur circuit, mais vu la galère de la journée, j'ai du mal à établir un comparatif. Ce sera pour une prochaine fois.
Contrairement à l'an passé, les cuisses vont bien aujourd'hui. C'est plutôt le moral qui est entamé. Vivement le prochain roulage, que je puisse mettre tout ça derrière moi.