On avait commandé le beau temps pour cet après-midi de piste, et le père Noël est passé bien avant l'heure en exauçant nos souhaits.
On partait à deux voitures. Vivien et moi d'un côté et Greg de l'autre, nous donnant rendez-vous sur place. Tout au long du trajet, on s'attendait à voir débouler un missile noir, mais il ne nous a jamais dépassé. Et pour cause : quand on est arrivés, le corbillard haut de gamme était déjà sur le paddock, arrivé depuis une dizaine de minutes.
Deux voitures de rallye tournaient sur la piste pour permettre à leurs pilotes de prendre connaissance avec leurs machines. On les regarde tourner un moment avant d'aller s'inscrire. Puis on décharge les motos.
Chacun mange son casse croûte à l'intérieur, parce que mine de rien (à ne pas confondre avec gisement épuisé
) il fait drôlement frais dehors.
Le repas se termine. On discute un peu. Entre nous d'abord, puis un gars qui parlait chinois (enfin pour moi
) est venu nous voir et a causé un peu.
Vint l'heure de s'équiper, faire chauffer le moteur. Comment ça ? On part pas fond de gomme les grelots pneus et moteur froids ?
On passe tous crânement la difficile épreuve du sonomètre.
14h, en piste. Qui dit roulage libre dit gestion de l'effort. Parce que c'est pas comme en sessions où quoi qu'il arrive on t'arrête et on ne te fait repartir que bien après.
La première heure se déroule bien. Je parviens à rouler 50 minutes en deux fois. Vivien autant en trois fois, et Greg toute l'heure. Je fais bien attention à faire chauffer les pneus avant de mettre de l'angle et de la vitesse en courbe. Je n'ai pas envie de finir le deuxième tour dans le camion comme ce fut le cas
la dernière fois. En plus, j'ai chaussé les Power One. J'ai bien plus confiance avec eux qu'avec les Pilot Road 3. C'est dans la tête, parce que vu le rythme que j'adopte…
Au cours de la première demi-heure, Greg a même coupé son effort pour me servir de guide, pointer du doigt mes défauts et me montrer ce que je dois faire pour progresser. Ca va j'ai compris, je fais tout mal : je ne mets pas assez de gaz dans les portions droites, je n'utilise pas toute la largeur de la piste, je ne regarde pas assez loin, je freine trop tôt, je ne mets pas assez de vitesse en courbe, je plonge trop tôt à la corde. J'en passe et des meilleures. Seulement, les meilleures choses ont une fin, et un R1 me dépasse avant d'aller chatouiller mon moniteur perso qui, le salaud
me laisse tomber. C'est pas grave, ça va me permettre d'assimiler un peu tous ces enseignements. Merci à toi pour le coup de main.
Je fais une petite pause avant de repartir pour un deuxième run alors que Vivien revient sur le paddock pour sa deuxième pause. Vingt nouvelles minutes de roulage. Je m'étonne déjà physiquement. Je ne m'attendais pas à pouvoir tenir aussi bien l'effort. Profitons en pendant qu'il est encore temps.
A 15h, sans s'être concertés auparavant, on sort tous les trois. Greg me confirme que j'ai bien compris les défauts qu'il m'avait indiqués. On allait reprendre la piste quand Mathieu et Pascal arrivent sur le paddock. Vraiment pénible ces deux-là. Ils arrivent comme un cheveux sur la soupe
On reste deux trois minutes pour leur laisser le temps de se poser. On leur annonce qu'on allait repartir. Pascal interprète mal :
(il croyait qu'on quittait le circuit pour rentrer).
Ah oui ! juste un détail : dommage que Mathieu ait une Suz, sans quoi, on aurait formé un beau groupe avec nos cinq KTM
C'est alors que Greg nous annonce : « il va falloir que je fasse gaffe dans les droits, parce que ça commence à glissouiller de partout. » Pas étonnant vu l'état de ses pneus.
On reprend tous les trois la piste, moi avec un peu d'avance, ça me permet d'être devant (pas longtemps). A l'entrée de la piste, on me demande de m'arrêter. « Mince, j'ai fait une connerie ? ». Le gars vient me voir et m'indique qu'il y a désormais sur la piste des personnes qui ont peu d'expérience de la piste (Ah parce que j'en ai beaucoup ?) voire pas beaucoup : ils sont en stage de pilotage, alors « s'il vous plaît, quand vous les dépassez, soyez sympa ». Pas de problème, je leur donnerai seulement un coup de latte au passage. D'habitude, j'en donne deux
Au bout de quelques tours, comme annoncé quelques minutes auparavant, Greg chute, dans le troisième droite. Le drapeau rouge est déployé. Tout le monde rentre. Je l'avais vu sur le bord de la piste, mais sur ses deux roues, et n'avais pas compris qu'il avait chuté. C'est en arrivant sur le paddock que les trois autres me l'apprennent.
Greg revient sur le paddock par ses propres moyens et fais le tour de la moto pour constater les dégâts. Rien qui empêche de continuer à tourner, si ce n'est les pneus qui sont bien fatigués, mais ça oblige juste à passer moins fort.
On reprend une nouvelle fois la piste. Après un bon moment, je ressors pour une petite pause. Vivien, qui vient juste de me passer en fait autant. Arrivés sur le paddock, je le vois se diriger tout droit vers sa boîte à outils et démonter son comodo gauche. Le demi-guidon est cassé. On ne comprend pas bien ce qui a pu se passer. Malheureusement, cet incident marque la fin de sa journée : aucun moyen de réparer
Pascal nous invite à boire un café, qu'on accepte avec plaisir. Discussions de motards, je vous laisse imaginer…
Les jambes commencent à me chatouiller et l'appel de la piste commence à se faire sentir, et je me lève le premier pour retourner rouler. Pascal et Mathieu en profitent pour nous dire au revoir et partir. A la fin de mon quart d'heure de roulage, ils sont toujours là, mais moteur démarré en train de partir.
Greg a alors la piste pour lui tout seul. Courte pause avant de repartir. Il m'a vu reprendre la piste et prend le chemin du paddock pour se réinsérer juste devant moi pour une nouvelle séance d'apprentissage. Vraiment sympa à toi. On fait plusieurs tours où il me fait des signes : « mets des gaz », « c'est ICI qu'il faut freiner », « ressors des virages plus à l'extérieur ». J'essaie tant bien que mal de mettre en application ses conseils, puis il me fait signe de passer devant lui, ce que je fais. A la chicane, le pif passe bien, pas le paf : je préfère redresser et ne pas prendre le virage. Encore quelques tours, et Greg me repasse devant pour rouler à son rythme.
A 17h40, je me rends compte que je commence à ne plus être tout à fait lucide, et je rentre sur le paddock. Le réservoir de Greg est vide, et il n'a pas envie de le remplir de nouveau compte tenu de ses pneus.
On charge les motos et on part. Après quelques bornes, en entrant sur la voie rapide, on arrive sur un bouchon. On y restera trois quarts d'heure, le temps pour Greg et Vivien de commencer à chercher des pièces d'occasion.
Bilan de la journée très positif en ce qui me concerne : j'ai pris beaucoup de plaisir, j'ai bien progressé (dixit M. le Professeur
). Je ne suis pas épuisé physiquement comme j'avais pu l'être lors de
ma première journée piste où j'avais pourtant fais 40 bornes de moins. Je garde quand même quelques défauts (il faut bien garder des objectifs pour plus tard
), et notamment je m'accroche trop à mon guidon, à tel point que je me suis fait une ampoule.
Merci à tous les quatre pour cette après midi. J'espère qu'on en connaîtra d'autres comme ça et que la prochaine fois Mathieu et Pascal prendront la piste avec nous.