Il y a un mois et demi, je reçois un appel de Christophe, ex-Stand-moto. Il m'indique qu'il organise une journée piste sur le circuit du Bourbonnais, et qu'il a pensé à moi. Ca fait plaisir, d'autant que ça fait relativement longtemps que je ne l'ai pas vu.
Le jour J, je pars de Roanne vers 6h, pour une arrivée prévue entre 7h15 et 7h30. Il y a pas mal de circulation sur la route, bien plus que
la dernière fois en allant à Magny-Cours. Sans doute parce que je passe aux mêmes endroits une demi-heure plus tard.
J'arrive sur le paddock du circuit, non sans avoir cru l'avoir dépassé. Il n'est pas loin de la sortie de la voie rapide, mais il était encore plus proche dans mon souvenir. Bref. Il est 7h23. Vivien est arrivé, le barnum est déjà monté. A part lui, seuls les orgas sont déjà présents.
Je vais saluer Christophe qui me propose un café. J'apprends que nous ne sommes que 18 inscrits. En conséquence, initialement prévu pour six sessions de vingt minutes, le programme de la journée change : on fera trois sessions de trente minutes le matin et roulage libre l'après-midi. C'est top ! On va pouvoir rouler bien plus.
La RC8 de Vivien souffrait de problèmes de ralenti. Il a changé des valeurs dans l'ECU ce week-end et veut savoir si le problème est résolu. Aussi, il démarre sa moto et va faire un tour sur les routes jouxtant le circuit. A son retour, il semble satisfait. Pour ma part, je vais décharger le camion.
8h30 bien sonnées, c'est le briefing. Description de la piste et compagnie sont au programme. Le tout en moins de 10 minutes. Efficace. Ca change de celui de
Magny-Cours avec Box23 qui s'était éternisé.
Le briefing terminé, on retourne vers les motos et on les démarre pour les faire chauffer. Après quelques minutes, Christophe nous dit que c'est le groupe des débutants qui va commencer. Inhabituel, mais pourquoi pas ? On coupe, et on attendra une demi-heure de plus pour partir.
On va voir tourner les débutants. Comme il l'avait fait lors de la journée avec le Moto Club Roannais, Christophe ouvre la piste à faible allure pour le groupe, puis laisse filer ceux qui le souhaitent.
A 9h30, je suis le premier devant le feu donnant accès à la piste. Le commissaire me raconte, tout en me faisant passer le contrôle sonomètre, qu'il a contrôlé une SD la veille et qu'elle n'était pas passée. Le gars n'avait pas ses chicanes. Moi, je passe à l'aise. Je suis à 92 dB… Il me semblait être à 95 l'an passé
Ma foi, ce n'est pas important. Je démarre, et commence par un tour à allure modérée, allure que j'augmente petit à petit. J'ai retenu les leçons de
ma première journée piste en SDR. Sur ce même circuit, j'avais fait un premier tour dit de chauffe, puis essayé « d'attaquer » (toute commune mesure gardée) immédiatement, et m'était retrouvé dans le bac à graviers dès le premier virage du premier tour. Aujourd'hui, j'y vais progressivement, et c'est tout bénef'. Les virages passent sans anicroche. Je suis impressionné. J'ai beaucoup progressé en un an. A tel point qu'alors que j'étais sur la retenue la dernière fois, ne posant le genou qu'une fois dans la journée, mes sliders touchent le bitume au moins une fois par tour. Je n'en reviens pas. Cette journée va me coûter cher en slider :lol!:Après quelques tours, Vivien, qui est le seul à m'avoir dépassé rentre au stand. Son problème de ralenti étant résolu, j'imagine que c'est le physique qui ne suit pas. Pourtant, je regarde l'horloge de la moto, et ça ne fait pas très longtemps qu'on tourne.
La session se termine ; je rentre au paddock où Vivien m'indique qu'il est gêné par des coupures d'allumage sur filet de gaz. Mince, le problème n'est donc pas résolu. Je crois que je n'ai jamais vu Vivien boucler une journée piste sans souci l'empêchant de pleinement profiter de sa journée. Quelle poisse ! Il appellera Greg à la rescousse, mais à distance, aucun diagnostic ne se dégagera. Greg lui conseille quand même d'essayer en changeant de carto. Ca n'y fera pas grand chose, voire rien du tout.
La deuxième session est assez semblable à la précédente. Je suis à nouveau premier en piste, et me fais également plaisir. J'ai mes endroits privilégiés pour dépasser et trouve assez facilement l'ouverture lorsque je rattrape d'autres motos, chose que je n'osais pas trop jusqu'à présent par manque d'assurance. Je commence à comprendre un peu mieux certains virages, notamment le numéro 6 (l'épingle qui précède l'enchainement du retour). La deuxième demi-heure de roulage s'achève, déjà.
Pendant l'entre-sessions, je suis admiré par d'autres pilotes. D'habitude, je suis plutôt dans le rôle de celui qui admire, et j'en suis un peu gêné. Il paraîtrait que dans le sinueux je roule très bien et que certains se servent de moi comme d'un lièvre dans cette portion. Malgré ma gêne, je suis flatté. Ca fait plaisir, et ça signifie que je progresse. J'en avais déjà eu le sentiment en roulant, mais ça confirme que je voyais juste. Vivien aussi est admiré. Parce qu'il dépasse les autres pilotes sur la roue arrière.
Pour la troisième session du matin, je suis de nouveau premier en piste. Ben oui, je suis là pour rouler, pas pour ramasser des pâquerettes. Après quelques tours, toujours aussi plaisants, je suis un peu optimiste dans le virage au niveau de la sortie des stands, et suis obligé de redresser. Je me retrouve dans l'herbe. Je ne touche surtout pas aux freins et redresse tranquillement la trajectoire vers la piste. Je contrôle derrière moi que je ne gêne personne en revenant sur l'asphalte. Personne derrière, je peux repartir. La dernière fois, à Magny-Cours, sur une sortie de piste dans la même session, j'avais pris la décision de rentrer je me savais fatigué et plus assez concentré. Là, c'est une erreur qui aurait pu arriver à tout moment, donc je continue et termine la session. Pendant la pause, un observateur me dira qu'en me voyant sortir, il pensait que j'allais lever un peu mais que je suis reparti comme s'il ne s'était rien passé. Je sais, c'est l'étoffe des champions… ou pas.
Nous avons deux heures pour nous reposer et nous restaurer. Je commence par me changer, puis fais le plein de carburant : je ne souhaite pas avoir à le faire au dernier moment comme ça avait été le cas à Magny-Cours. Comme ça, c'est fait et je n'ai plus à m'en soucier. Puis je mange. Ca fait du bien, et ça redonne de l'énergie, même si j'avais mangé un Mars après chaque session.
Pendant la pause, je me dis que des deux circuits que je connais – le Bourbonnais et Magny-Cours – celui que je préfère est sans doute le Bourbonnais. Ce ne serait sans doute pas le choix de tout le monde, mais je crois que le circuit Nivernais est trop grand et trop rapide pour moi. Je m'y fais plaisir évidemment, mais je ne suis par nature pas un fana de grande vitesse. J'ai sans doute aussi un niveau insuffisant pour l'apprécier réellement : je ne sais pas toujours où me placer sur sa piste très large, et sans doute qu'avec plus de vitesse le placement viendrait plus naturellement.
A 14h, je suis de nouveau le premier en piste. J'arrive même avant que le personnel du circuit ait fini son tour de contrôle, si bien que je dois attendre à l'entrée en piste que tout soit en place. Vivien arrive derrière moi peu après, puis on nous donne le feu vert pour y aller. Pendant quelques minutes, nous disposons de la piste pour nous deux. Après une vingtaine de minutes à tourner en rond, quelques gouttes apparaissent sur ma visière. Je viens juste de passer l'entrée des stands. Au début, c'est vraiment trois fois rien. puis ça s'intensifie un tout petit peu dans la ligne droite. Sans doute pour des raisons psychologiques, je loupe mon freinage dans le premier virage. Je ne suis pas loin du bac à graviers, mais parviens quand même à l'éviter (sans oublier l'apostrophe). Je rentre sur le paddock : la pluie, même très fine, me fait toujours peur et me paralyse.
La pluie était prévue pour 17h, il est tout juste 14h20 :cry:Je plains ceux qui n'ont pas démarré tout de suite et n'auront pas pu rouler de l'après-midi. C'est faire preuve de pessimisme : le soleil brille toujours, et la pluie cesse après un peu plus de 5 minutes. Le sol n'a pas eu le temps de réellement se mouiller, et on peut repartir dans la foulée.
J'enchaine les tours. Je rattrape puis dépasse la plupart des autres pilotes. Ce n'est parfois pas évident, notamment avec les débutant(e)s. Le rythme est réellement différent, et je m'efforce de ne pas les gêner en les dépassant n'importe comment. Je veux en profiter le plus possible avant la fin d'après-midi où des averses sont annoncées. Les kilomètres et les minutes défilent. Quand je regarde mon compteur, je me rends compte que la demi-heure de roulage est largement dépassée. Je me sens bien physiquement, alors pourquoi ne pas tenter l'heure ? Le soleil cogne, à tel point que je sens par moment une rigole de transpiration couler le long de ma cuisse gauche. Lorsqu'il est occulté par quelques nuages, je profite pleinement de l'occasion pour ressentir un peu de fraicheur bienvenue. Par moments, je profite de la piste pour moi tout seul.
Lorsque je rentre au paddock, il est un peu plus de 15h30, ce qui signifie que j'ai roulé un peu plus d'une heure. Je m'arrête à côté du camion, pose les pieds par terre, et la moto commence à tanguer. J'ai failli la faire tomber à l'arrêt, sur le paddock par manque de force dans les jambes.
Je béquille et parviens tant bien que mal à descendre de moto. Les premiers pas sont difficiles. Mais après quelques minutes, les jambes vont mieux, et je marche presque normalement. Certains viennent me voir et me traitent de machine ou me disent avoir cru que j'étais tombé dans un trou temporel. Oui, bon d'accord, j'ai roulé une heure quoi ; pas de quoi en faire tout un fromage non plus…
Pendant cette heure de roulage, j'ai eu le loisir de pouvoir observer Eric et sa Daytona. Il roule un poil plus vite que moi sur la totalité d'un tour, mais surtout, je lui reprends beaucoup de temps dans le dernier pif-paf où, contrairement à moi, il est très à l'intérieur en entrée. Je vais le voir en lui disant que peut-être en faisant autrement, il gagnerait en efficacité. Il me répond qu'il va essayer.
Je me repose une demi-heure et en profite pour aller voir les autres rouler un peu, puis me remets en selle. Je suis reparti pour une grosse vingtaine de minutes. Ce seront les dernières de la journée. Tout le monde est fatigué et plie bagages. Vivien et moi nous aidons mutuellement à charger nos motos.
Eric vient me voir et me remercie du conseil que je lui ai prodigué tout-à-l'heure. Il me confirme qu'en passant comme je le lui ai indiqué il se débat moins avec la machine dans le pif-paf et qu'il est en meilleure position pour préparer le virage qui suit. Il ajoute que malgré tout, la fatigue aidant, il a petit-à-petit retrouvé son ancienne trajectoire. Le dicton l'affirme : « chassez le naturel, il revient au galop ».