Are You Ready à Magny-Cours

J'attendais cette journée du 9 mai avec impatience et appréhension. Impatience parce que c'était la première journée piste de l'année ; parce que j'allais retrouver les copains du fofo ; parce que ma dernière fois date de septembre dernier ; et enfin parce que je commence à retrouver un peu d'assurance sur route, assurance que j'ai égarée au détour d'une petite route il y a de cela un an et demi. Appréhension car la situation est nouvelle pour moi – et j'ai horreur des situations nouvelles – puisque j'étais toujours allé sur piste avec superbyker qui m'avait gentiment prêté une place sur sa remorque. Cette fois-ci, j'ai loué un fourgon, et j'y vais seul.

On s'est donné rendez-vous avec superbyker au niveau du rond-point de Mably. Lui est accompagné de A… (je ne me souviens plus du prénom de notre umbrella girl). Nous ferons la route ensemble. Enfin quand je dis la route, il s'agit en fait d'une infime partie. Je suis rapidement distancé. Ben oui, en voiture c'est comme en moto, je suis, de loin . Ils m'attendront à Périgny pour me semer une nouvelle fois. En cours de route, je heurterai un pigeon ou une tourterelle, je ne sais pas. Enfin un volatile, un piaf quoi…

J'avais prévu deux heures de route, j'arriverai dans le paddock avec un quart d'heure d'avance sur le planning. L'emplacement est facile à repérer : le 300C de grego dépasse et est aisément identifiable. Une petite place m'est réservée dans l'angle du paddock derrière une barrière de rue balise qui indique explicitement que la zone est réservée aux ARYs. grego et cat ont prévu les choses en grand : des affichettes aux couleurs du forums sont accrochées aux extrémités de la bande rouge et blanche.

On passera les détails de ma façon de me garer malgré les remarques amusées d'oliveman. Il y a du beau monde : en plus de ceux déjà cités, sont présents Hat, le cousin, chalala et cédric qui dort encore lorsque j'arrive.

Avec superbyker, on part pour l'inscription où on nous remet deux bracelets en papier oranges qui identifient le groupe avec lequel nous roulerons. Il est impératif de garder ce précieux sésame au poignet toute la journée pour que les organisateurs nous laissent accéder à la piste. C'est chiant au possible, mais il faut faire avec. Après être retournés sur le paddock, nous déchargeons.

Arrivé un peu après nous avec son fourgon aux couleurs de KTM et des potes à lui roulant – pour la plupart – en RC8R également, rocdk vient nous saluer. Dans le groupe, les vannes commencent – ou continuent semble-t-il pour ceux déjà présents la veille. L'ambiance de la journée s'annonce déjà bonne. C'est une bonne chose car le ciel est porteur de nouvelles plutôt mauvaises.

A 8h15, nous nous rendons au briefing obligatoire. Je n'avais jamais vu de briefing aussi long : pas moins de trois quart d'heure. Le départ est donné pour les plus rapide du jour, la série 400 étant constituée des meilleurs et la 100 des moins bons. Allez savoir pourquoi 100, 200, 300 et 400 alors que 1, 2, 3, 4 était tellement plus simple.

Je suis dans la série 200 avec cédric, chalala, oliveman et superbyker. grego et le groupe des RC8R sont dans la série 300. Reprenons. Les plus rapides sont partis, il nous reste 40 minutes avant de rouler à notre tour. hat et le cousin nous quitterons, de même que cat de son côté. Un perfide crachin commence à tomber assez rapidement . grego renoncera à sa première session. Notre heure arrive, et la bruine s'étant arrêtée, superbyker et moi tenterons une sortie. On rentrera à la fin du premier tour. Les conditions ne sont pas très engageantes.

A 10h20, l'atelier « Position sur la moto », animé par Vincent Boquet qui était déjà intervenu au cours du briefing, nous donne l'occasion de trouver une activité pour notre matinée puisque les conditions ne vont pas en s'arrangeant. L'atelier est intéressant, j'y apprends pas mal de trucs. Mais c'est long. Trop long. Après quarante minutes, je finis par lâcher prise et quitte le box. sanleone et kivs viennent d'arriver en moto. C'est sympa de leur part d'avoir fait toute cette route pour voir quelques guignols plantés sur un paddock .

Chacun munis d'une paire de jantes supplémentaire équipées de pneus pluie, chalala et cédric procéderont à un changement en règle et iront rouler au cours de la deuxième session. Les autres resteront sagement dans les paddock à attendre que la pluie cesse et que la piste sèche. La troisième et dernière session de la matinée nous sera davantage favorable : la pluie a cessé et la piste n'est plus qu'à peine humide par endroits. Généralement, c'est la session que j'apprécie le moins. Juste avant la pause de midi, je commence à avoir faim. Sans doute parce que je n'ai pas encore roulé donc fait d'efforts, je n'ai pas cette sensation aujourd'hui. Et c'est tant mieux. Ca me permet d'en profiter pleinement.

J'ai de bonnes sensations, et je parviens à dépasser d'autres pilotes. Il y en a même un que je parviens à dépasser deux fois. Je le repère car son équipement est pour le moins dépareillé : sa combinaison est jaune canari, et clairement identifiée Ducati dans le bas du dos, tandis que ça moto verte détonne un peu. Les autres fois où j'avais roulé ici, j'avais été gêné par le mouvement de mes lunettes dans mon casque dans le 180°. Aujourd'hui, il n'en est rien, les binocles restent bien à leur place. C'est curieux, car je n'ai changé ni de lunettes, ni de casque, ni de façon de les enfiler. Peut-être ai-je une trajectoire ou une position différente. Je tâche de mettre en application les préceptes enseignées par Vincent Boquet plus tôt dans la matinée. Mais c'est loin d'être évident, et il faudra que j'y travaille de nouveau.

Le drapeau à damier s'abaisse. C'est la première fois que je le vois ici à Magny-Cours : les fois précédentes, les sessions avaient été arrêtées au drapeau rouge, soit-disant pour augmenter notre temps de roulage. Je préfère la méthode du drapeau à damier. Cela permet de profiter pleinement de son dernier tour. Ou de bien s'y vautrer. J'ai bien failli sortir large d'Estoril : après un élan d'optimisme, je suis passé tout près de l'Astroturf que j'imagine particulièrement glissant compte tenu des précipitations récentes. Nous rentrons sur le paddock où nous nous restaurons.

chalala parle de ses expériences de jeunesse en courses d'endurance de karting. Grego et cédric le questionnent sur les aspects techniques. Un rayon de soleil point et nous donne le sourire. Craignant un retour de la pluie, sanleone et kivs repartent.

Les sessions de l'après-midi débutent. Nous partons ensemble et ça me ravit car j'arrive à tenir la roue de chalala. Je me fais dépasser par un porcin dans le 180° qui ira couper la route de chalala en sortie. Je vois chalala hocher la tête de désapprobation. Il a dû couper les gaz pour éviter la collision avec l'individu. Je parviendrai à le dépasser dans la ligne droite, bien aidé par les quelques chevaux supplémentaires que m'apporte ma SuperDuke R et les quelques kilos en moins que mon gabarit d'allumette m'apporte. Victime d'une crampe à l'arrière de la cuisse, chalala sera contraint de s'arrêter alors qu'on aurait pu s'amuser un peu sur la fin de session en se bagarrant.

Pour la session suivante, nous partons de nouveau ensemble. cédric est devant. oliveman essaie de le suivre, mais se fera une petite frayeur en sortie du Château d'Eau, finissant sur le vibreur. Il se reprendra, et je parviendrai à attraper sa roue. De nouveau victime d'une crampe, chalala renoncera en deuxième moitié de session. Signe que je progresse, mes deux sliders ont touché le sol, et notamment à trois endroits où je ne l'avais jamais fait. A plusieurs reprises, l'avant déleste sur la bosse en sortie d'Adélaïde. Ca m'était déjà arrivé, mais cette fois je suis prévenu et ne me dérange pas trop. Notez le « pas trop » . En fin de session, alors que je me suis décalé à droite dans la ligne droite pour faire les freins à un autre, un troisième se glisse à gauche dans un trou de souris minuscule, au risque d'accrocher le pauvre pris en sandwich. C'est du grand n'importe quoi. Quelques centaines de mètres plus loin, je revois la même scène qu'à la session précédente : en sortie du 180°, le gonze coupe la route à oliveman qui, comme chalala une heure plus tôt, hoche la tête.

Notre dernière session a lieu à 17h20. Vers 17h, peu après le départ de la série 300, la pluie fait son retour. Faible, mais suffisante pour que certains renoncent, parmi lesquels rocdk et grego qui reviennent à la fois déçus de ne pas pouvoir terminer et avec la banane de la belle bagarre qu'ils viennent de se livrer. grego remercie son partenaire d'avoir été raisonnable et d'avoir quitté la piste, sans quoi il aurait continué et aurait pu le regretter.

superbyker décide de plier bagages. J'hésite, tout comme cédric, chalala et oliveman. Nous décidons de tenter le coup prudemment. Arrivés à Adélaïde, nous sommes accueillis par des drapeaux rayés jaune et rouge, signe de glissance. oliveman et moi couperons notre effort à la fin du premier tour pour rentrer sur le paddock. A peine plus courageux, chalala et cédric prolongeront d'un tour supplémentaire.

L'heure est à la tristesse : la journée est terminée. Mais on est aussi contents parce que malgré la pluie, nous avons passé une bonne journée, que personne n'a chuté ni ne s'est fait mal. Au fur et à mesure que nous rangeons nos affaires, la pluie s'intensifie. oliveman et grego sont les derniers à terminer alors que le crachin s'est transformé en réelle pluie. oliveman n'oubliera pas ses rilsan autour de ses sangles .

C'est l'heure de se dire au revoir. Des cinq derniers du groupe, je suis le premier parti. Sur la route, la pluie est battante, et la chaussée est inondée d'importantes flaques par endroits. Vers Saint-Martin d'Estréaux, coincé derrière un camion depuis la fin de la portion rapide de Lapalisse, je me fais rattraper par grego qui me dépasse avec un coup de klaxon amical à La Pacaudière. Je mets du temps à trouver le klaxon, et suis trop lent à identifier sa position pour lui répondre. Ce n'est que partie remise car arrivé à Roanne, je le rattraperai et le dépasserai avec un coup de klaxon auquel lui aura le temps de répondre.

Le bilan de ma journée est plutôt positif. J'ai pris beaucoup de plaisir. J'ai un peu appris grâce aux conseils avisés de Vincent Boquet. J'ai progressé. J'ai retrouvé de bonnes sensations. Ca faisait longtemps que ça ne m'étais pas arrivé. Seule ombre au tableau, la pluie qui s'est invitée et nous aura gâché une partie de la journée.

Joli cr comme d'hab'