Mercredi, texto de Vivien : « Ca te dis Magny-Cours le 6 ? ». Ce sera peut-être juste en terme de délai pour prendre une journée de congé, mais je tente le coup quand même. Bingo, jeudi dans la foulée de ma demande, mon congé est accepté. Je n'ai pas sorti la Katoche depuis
ma dernière journée sur piste ici-même il y a un mois, et elle ne demande qu'à rouler.
Dimanche, j'amène la Katoche chez Vivien. J'arrive au garage, je fixe la sacoche au réservoir, j'appuie sur le bouton de la commande d'alarme, rien ne se passe. Je recommence plusieurs fois, mais le bip habituel ne se produit pas. Je mets la clé sur On, voir si les feux s'allument. Rien. Bon ! (en fait, non, pas bon
) la batterie est vide. Dans le doute, je rentre à la maison chercher mon double de commande d'alarme. Retour au garage, celle-là ne fonctionne pas mieux. Il faudra démarrer à la poussette (si seulement c'est possible avec l'alarme ?). J'enlève les béquilles d'ateliers, je remets la clé sur On, et là, miracle le feu s'allume. Je n'ai pas bien compris ce qui c'était passé, mais le principal c'est qu'elle démarre. J'ai pris un coup de speed pour rien.
On prend rendez-vous avec malaing pour se retrouver sur le paddock et passer la journée ensemble.
Dans la nuit, il n'a pas arrêté de pleuvoir (ou presque). Lundi matin, la route est humide, mais il ne pleut plus. Grâce aux nouveaux sens de circulation dans Roanne, mis en place en début de semaine passée, je suis pas loin de me prendre de plein fouet une voiture qui s'apprêtait à prendre une en sens inverse. La journée commence bien.
J'arrive chez Vivien, je charge mes affaires. Mais un souci au niveau de l'attelage nous retarde un quart d'heure : les feux de la remorque jouent au sapin de Noël.
7h30, on arrive en vue du circuit, le téléphone sonne. C'est malaing qui vient d'arriver et nous dit qu'on ne pourra pas se louper. Quelques minutes après, on le retrouve sur le paddock et on pose la voiture à côté du Transit rouge manouche
On passe aux inscriptions. On nous demande dans quel groupe on veut rouler. On choisit Inter 1, mais il n'y a plus de place. On doit se rabattre sur Débutants ou Inter 2. Ce sera Inter 2, en espérant qu'on ne sera pas trop ridicules.
On déballe les machines. malaing est à deux doigts de faire valser la sienne en la mettant sur béquille. Heureusement que je la tenais par le guidon.
On passe au briefing où on apprends qu'il est arrivé que des gens s'arrête sous les feux rouge sur la piste
et qu'il ne faut pas le reproduire. On nous dit aussi que les sessions ne seront pas interrompues par drapeau à damier mais pas drapeaux rouges. Je n'aime pas tellement cette pratique : ça fait peut-être gagner une minute de roulage par session, mais on ne peut pas se dire « C'est le dernier tour, profites-en ».
On est rejoint par Johan que Vivien a rencontré la semaine passée à Lurcy Lévis et qui roule en RC8. Il gare son Trafic entre nos deux véhicules. On forme ainsi un joli stand KTM.
Les pilotes sont les premiers à prendre la piste, puis vient notre tour. Je reprends mes marques et retrouve quelques repères. J'avais peur de me faire déborder de tous les côtés, étant inscrit en Inter 2, mais je ne suis pas trop ridicule. Au deuxième tour, j'arrive à la chicane d'Imola, et vois un gars qui vient de tomber. Sa brêle est sur le vibreur du gauche et il est tout juste en train de se relever. J'entame le tour suivant, mais les drapeaux rouges sont agités, et il est l'heure de rentrer au stand. En repassant dans Imola, le gars est toujours là. La moto n'a pas bougé, mais son casque est posé par terre et il semble contempler sa machine à terre. Heu ? Il n'y a pas comme un problème par hasard ?
Dans la pit lane, on est tous prêts à repartir dès que le feu passera au vert. Tous sauf Vivien (ce que je ne saurais qu'en fin de session) dont la moto s'est mise à fumer et a préféré rentrer sur le paddock. Lorsque la meute est libérée, cinq minutes sont parties en fumée. Lorsque je rentre sur le paddock, Vivien a déjà démonté son carénage. La fumée est due à des résidus d'huile qui se sont répandues sur l'échappement lors de la dernière révision. Plus de peur que de mal, même s'il n'a pas pu prendre part à la fin de la session.
Après une heure, notre tour revient. J'ai de bonnes sensations, et je me sens progresser. Lorsque je regarde l'horloge au dessus de la ligne droite des stands, mes sensations sont confirmées : j'ai gagné une dizaine de secondes depuis la dernière fois
et je roule à peu près en 2:15. Hat, gare à toi pour septembre : tes 13 secondes de marge ont fondu comme neige au soleil
. Un autre signe de progrès se fait sentir : j'ai posé (furtivement) le slider gauche dans le 180°. C'est la première fois que ce bout de plastique touche le sol
Je rentre au paddock tout content des progrès réalisés. La troisième et dernière session de la matinée arrive. D'habitude, c'est celle que j'aime le moins car je commence à avoir faim. Pas manqué : je ne suis pas au mieux de ma forme. Je ne prends pas de risque et roule sur un rythme un peu plus faible, mais quand même plus rapide que la dernière fois. Malgré ma relative prudence, je fais quelques erreurs. La plus significative survient à mi-session à Adelaïde que je passe d'habitude en 2 (d'une façon générale, je n'ai pas tellement confiance quand je vire en 1). Cette fois, je tombe un rapport de trop. Je ressors de l'épingle et j'ai le « malheur » d'un peu trop tirer sur la poignée de gaz. La roue avant lève. Je ne sais pas si c'est de beaucoup, quoi qu'il en soit, c'est trop pour moi. Je parviens à reposer, j'en suis pour une belle frayeur.
C'est l'heure de la pause déjeuner. Ca fait du bien de manger un morceau. Je suis tout requinqué. Chacun refait le plein et/ou de menus entretiens sur sa machine.
Les hostilités reprennent à 14h pour les Pilotes. Vingt minutes après pour Vivien et moi. Je réalise un freinage un peu optimiste à Adelaïde. Pour essayer de mieux me ralentir, j'utilise le frein arrière. C'était une erreur. Peu habitué à son utilisation, je bloque la roue arrière, ce qui ne fait qu'empirer le caractère aléatoire du freinage. Je m'en rends compte et parviens à relâcher la pédale à temps pour terminer mon freinage (bien trop tard) avec uniquement le frein avant. Néanmoins, j'arrive à rester sur la piste. L'extrême limite de la piste : je ne suis pas loin de virer sur la bande blanche extérieure
. Je m'en sors bien. Quelques boucles plus tard, j'entame un nouveau tour et me fais déposer à la sortie de la chicane du Lycée quand les feux rouges s'allument soudain. Pourtant il reste cinq minutes de roulage. Je comprends rapidement la raison de cette interruption : au large de Grande Courbe, un pilote et sa machine gisent. Lui ne bouge pas, à l'exception d'une de ses jambes qui s'agite. Pas glop. Je finis mon tour à allure semi-réduite. Et rentre au paddock où Vivien est soulagé de me voir arrivé : vu le temps que j'ai mis à rentrer, il a cru que c'était moi.
Au bout de quelques minutes, les Inter 1 qui attendaient déjà pour entrer en piste lorsque je suis sorti, reviennent vers le paddock. L'accident semble relativement grave : la piste est fermé pour au moins une demi-heure. Des ambulances arrivent, et ce n'est pas pour nous rassurer. Un peu plus tard, en allant aux nouvelles, on apprend que le pilote a une fracture du fémur et qu'il a perdu connaissance. J'espère qu'il n'a rien de plus et qu'il se rétablira vite. Encore un peu après, on apprendra qu'il a perdu une plaquette
Lorsque la piste est rouverte, le groupe des Pilotes est rappelé par le micro. Les Inter 1 et Débutants ont perdu une session. Et les suivantes dureront seulement 15 minutes pour rattraper une partie du retard. Les Pilotes reviennent, c'est à notre tour de partir. En se rendant sur le circuit, on aperçoit la machine, salement amochée. Notre dernière session est lancée. Les fous-furieux semblent bien énervés. Les dépassements limites fusent et je suis pas loin d'en faire les frais dans la Grande Courbe. Deux pilotes se percutent, semble-t-il dans Estoril. Les drapeaux rouges sont déployés, marquant la fin de la session et de notre journée.
On remballe les affaires et charge les motos sur la remorque. malaing, qui est reparti pour sa première session bonus revient. Il est temps pour nous de le quitter.
J'ai passé une excellente journée malgré les vingt minutes de perdus dans les divers incidents ; et je suis ravi d'avoir fait la connaissance de malaing. Aujourd'hui, je n'ai pas attrapé d'ampoule à la main droite contrairement aux précédentes journées, signe que je progresse et m'agrippe moins au guidon.
Lorsque je me couche, je me rends compte que mon réveil a failli me faire une
bonne blague ce matin : plus aucun affichage, les piles sont mortes. A quelques heures près, j'ose même pas imaginer…